Dans la lignée de Luigi Russolo qui le 11 Mars 1913 à Milan, théorise dans son manifeste futuriste « L’art des bruits » ; Patrick Deletrez poursuit cette quête de création en déployant au travers de ses expériences un orchestre de machines bruitistes. Je dirai, sonore, car je pense que le bruit devient son par l’intentionnalité qui l’anime. Et Patrick Deletrez est bien dans cette démarche radicale de plasticien sonore sublimant le bruit par son travail de création. Machines bruitistes, machines sonores, machines bruitales, machines brutales dans la recherche et les formes tourmentées, où la matière s’oppose aux mouvements, où les contraintes se glissent dans le dialogue sonore et plastique que Patrick Deletrez maintient d’une machine à l’autre par un processus de récupération et d’interprétation des symboles dépossédés de leurs mythes. Machines orchestrales, orchestre de machines élaborées à partir de matériaux rebus, d’éléments incomplets, de fragments, d’objets obsolètes mis en scène dans un carrousel sonore et visuel où les ombres en mouvements déploient d’autres formes, d’autres mouvances, d’autres plasticités capables de nous émouvoir. Orchestre de machines arrachées à la matière avec lequel Patrick Deletrez organise un univers de performances, un univers spectaculaire en confrontation avec la réalité des mondes. Chez Patrick Deletrez aucune études techniques, aucune connaissance en physique du son, tel un créateur d’art brut il avance, porté par ses rêveries, osant de probables résonnances, édifiant ainsi, par ce cheminement aléatoire une œuvre d’une personnalité peu commune où la stimulation de l’esprit est bien loin des démagogiques postures de créateur en recherche de sensationnel. Son engagement se fait dans la violence de la passion loin des formalismes esthétiques, seul à bord de son atelier il prend son plaisir dans l’émotion de la création qu’il lève. Il construit patiemment un univers fait des restes, des oubliés, des abandonnés de nôtre gigantesque consommation. Il donne à voir et à entendre tout un bataillon de sons, de vibrations, de rythmes, de cadences en mouvements rotatoires complexifiant le silence de mécanismes simples illustrés d’ombres et de lumières.
Jacques EDOUARD
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c'est doux de te lire. Comme si un nuage fondait dans ma bouche