Pourquoi ces yeux ouverts qui

encore

font déjà d'aller... trop

pourtant j'ai vu un temps

s'arrêter

mots figés

au loin des dévastations

l’insuffisance de nos sourires

indifférence de nos mains

que réclament nos sexes

je garde nos silences

j'ai mis le vertige

à cœur de nos cœurs usés

pourtant j'ai vu l'éclat aujourd'hui d'une lumière sur des grappes de saponaires

je vie

je pédale

les pistes inondées du jour

normal normal

je voudrai

aider les mots pour leurs maux

mais

j'entends la rupture de leurs insensés sifflets

est-ce le premier arbre qui donne la forêt 

comment ne pas aimer cette solitude

même pas peur

mais je n'oublie pas le désastre des hommes

pourtant j'ai vu l'éclat aujourd'hui d'une lumière sur des grappes de saponaires

et les petits des grands encore à courir avec le lapin pressé

crier aussi les noms des invisibles

se faire peur des monstres cachés derrière les rires

de la lenteur de mes voyages naît une évidence

et ma parole dit aux vents des terres du ciel

j'ai vu l'éclat aujourd'hui d'une lumière sur des grappes de saponaires